SIX TUMULUS DU CAUSSE MÉJAN (Lozère)

Nous présentons six tumulus — dont l'étude fait partie des recherches que nous avons poursuivies pendant plus de trente années. Ils sont situés dans le quart Sud- Est du Causse Méjan ; c'est la zone la plus élevée de cette haute terre, entre 982 m aux abords de Hures et 1247 m au sommet de Gargo, point culminant de tous les Grands Causses du Gévaudan. La nudité du sol a facilité nos recherches, contrariées, il est vrai, par le manque d'eau, par les températures extrêmes et par l'étendue des solitudes caillouteuses, aucune piste accessible aux automobiles n'ayant été aménagée

Les reboisements entrepris récemment pourraient aboutir dans quelques décades à un changement profond du paysage végétal, ainsi qu'au camouflage des vestiges préhistoriques, trop visibles jusqu'ici. Il est certain que, avant nos prospections, de nombreux monuments funéraires avaient été vidés de leur contenu par des bergers et des curieux ; d'autres continuent de l'être par des estivants désœuvrés, quoique la fouille soit décevante pour des chercheurs de trésors. Selon une tradition orale de l'entre-deux-guerres, ce sont les Frères des écoles de Meyrueis qui auraient exploité les sépultures mégalithiques et tumulaires de la bordure méridionale du Causse Méjan, sans procurer aucune publication, et sans assurer, à notre connaissance, la conservation des objets découverts.

En général les tumulus sont pauvres. Les plus volumineux ne sont pas toujours les plus riches. Les modestes mobiliers que nous décrirons, pris pourtant parmi les moins insignifiants, en apportent la preuve. Dès 1936, le Docteur Ch. Morel avait mis l'accent sur cet aspect de l'archéologie caussenarde, valable aussi bien pour le Méjan que pour le Sauveterre, et explicable soit par la pauvreté des habitants, soit par la nature des rites funéraires (1).

Escarpements dolomitiques et versants vertigineux isolent le Causse Méjan au-dessus des vallées profondes de la Jonte, du ruisseau de Fraissinet, du Tarnon et du Tarn ; ils auraient pu en faire un monde fermé. Le plateau ne communique aisément avec l'extérieur qu'au col de Perjuret, à 1028 m, par où passe la draille de l'Aubrac venue de l'Aigoual ; les silex taillés prouvent qu'au contact de la montagne cévenole, schisteuse ou granitique, et des Causses calcaires, le col a été très anciennement fréquenté. Ailleurs, ce ne sont que sentiers de chèvres, « côtes » et « chemins ferrés » (pavés), mieux faits pour les piétons, les troupeaux et les bêtes de somme que pour les véhicules à roues.